Chaque mois, voire de manière décadaire (tous les 10 jours), ou pentadaire (tous les 5 jours) pour certaines espèces en phase de migration active (barge à queue noire, courlis corlieu…) des comptages sont réalisés sur les reposoirs de haute mer situés à plus de 90 % dans les réserves. Ces comptages alimentent les bases de données internationales (Wetlands International) et nationales (
observatoire du patrimoine Littoral- RNF).
Les comptages du « Wetland International » sont réalisés tous les ans en janvier sur l’ensemble des zones humides françaises, dont les sites côtiers depuis 1977. Ce réseau est coordonné en France par la LPO, les données concernant les limicoles sont compilées par Roger Mahéo et Bernard Deceuninck (Mahéo 1977-2010, Deceuninck & Mahéo 2000). L’observatoire du patrimoine naturel (ancien observatoire des limicoles côtiers) coordonné par RNF (Réserves naturelles de France), quant à lui, fédère tous les sites d’importance nationale qui réalisent des comptages mensuels des limicoles. Les données de comptages sont compilées depuis 2000 sous la responsabilité d’Emmanuel Caillot, initiateur du projet.
En savoir plus ...
Les comptages mensuels soulignent le rôle majeur des Réserves Naturelles pour l’évolution récente des stationnements en France. Complémentaires du comptage annuel de référence du mois de janvier, ces dénombrements répartis sur le cycle annuel améliorent sensiblement au fil des ans la connaissance sur la phénologie des stationnements des limicoles en migration (sites majeurs en fonction des espèces, effectifs présents, durées des haltes migratoires,… ). Ces informations de base représentent le baromètre de l’évolution à court, moyen et long terme des stationnements sur les sites littoraux de l’hexagone. Ainsi les déclins ou la précarité de l’effectif d’une ou de plusieurs espèces décelées par les comptages peuvent orienter les thèmes de recherche pour les équipes des réserves en partenariat avec des organismes scientifiques concernés par le sujet. Tous les sites LPO ou ONCFS intéressés par les limicoles dans les Pertuis Charentais alimentent ces réseaux de suivi. Les équipes orientent une part significative de leurs études prévues par les plans de gestion des espaces protégés sur ce groupe avifaunistique patrimonial comme par exemple la migration prénuptiale des barges à queue noire sur les quatre Réserves Naturelles Nationales de Charente-Maritime ou alors un suivi dans le temps sur les sites d’alimentation à marée basse et le comportement alimentaire (avocette élégante en baie de l’Aiguillon, barge à queue noire à l’Aiguillon, Yves et Moëze, barge rousse, courlis cendré et pluvier argenté à Moëze-Oléron, bécasseaux variable et maubèche à l’Aiguillon…).
Par exemple, la compilation et l’analyse des données de comptages issues du « Wetland International » et de l’Observatoire du Patrimoine Naturel Littoral, ont permis de décrire précisément les distributions et les phénologies du Bécasseau variable Calidris alpina (Bocher et al 2014); Bécasseau maubèche Calidris canutus (Bocher et al ; 2012) et de la Barge à queue noire Limosa limosa (Bocher et al. 2013).
Localisation des sites majeurs de comptage annuel des oiseaux d’eau du “Wetland International” sur les côtes françaises (A) et des sites suivis pour les comptages mensuels de l’observatoire des limicoles côtiers (B). Les triangles indiquent les sites majeurs non suivis